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Note conceptuelle de la troisième Edition de la Conférence Internationale sur l’émergence de l’Afrique

12-10-2018   |   
  

Depuis les chocs de 2016, l’économie mondiale se redresse et la croissance mondiale pour 2018 est esti-mée à 3,9 %. La reprise observée en 2017 devrait se poursuivre avec une croissance mondiale qui se main-tiendrait à 3,9 % en 2019 selon le FMI. L’Afrique se situe dans cette dynamique avec une accélération de la croissance passant de 3,6 % en 2017 à 4,1 % en 2018 et 2019 (Banque Africaine de Développement, 2018 : « Perspectives Economiques en Afrique »). Cette amélioration résulte pour l’essentiel d’une conjoncture internationale plus favorable (croissance mondiale plus forte, hausse des prix des matières premières no-tamment du pétrole, etc.), d’une demande intérieure plus soutenue et de la hausse de la production agri-cole. Cette moyenne africaine masque les performances encore plus importantes de la plupart des pays ambitionnant d’aller vers l’émergence (Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Rwanda, Sénégal, Tanzanie…) dont la croissance économique se situe à près de 7% entre 2016 et 2018. La dynamique économique de ces pays est notamment soutenue par le secteur privé et la consommation interne, mais également par des inves-tissements publics destinés à mettre à niveau les infrastructures.

La Conférence Internationale sur l’Emergence de l’Afrique (CIEA) a été instituée pour accompagner cette dynamique. De manière plus spécifique, elle vise à soutenir le développement des capacités à préparer et mettre en œuvre les plans d’émergence en mutualisant les expertises et en documentant les bonnes pra-tiques en la matière. Les deux premières éditions de la CIEA ont montré que plusieurs pays africains ambi-tionnent d’aller vers l’émergence. A cet effet, ils ont formulé des plans d’émergence soutenus par des visions à long terme conformes avec les principes de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Pour matérialiser cette ambition dans la durée, les pays devront relever des défis majeurs tels que : (i) l’atteinte de consen-sus solides entre tous les acteurs (politique, société civile, secteur privé national…) sur la vision à long terme afin de faciliter le maintien du cap et la persévérance dans les réformes au-delà des aléas des cycles électoraux, (ii) le développement du leadership individuel et collectif pour assurer un pilotage stratégique et opérationnel de l’émergence qui, en tant que pari sur l’avenir, se planifie et se construit dans un envi-ronnement stable (paix, sécurité, respect des droits humains, transparence…).

C’était l’esprit de la Déclaration d’Abidjan de 2015 qui appelait les acteurs africains, en commençant par les gouvernements, à engager une réflexion et veille stratégique commune sur les questions pouvant impac-ter la marche vers l’émergence. Cette Déclaration relevait le besoin d’organiser tous les deux ans un Fo-rum sur les bonnes pratiques. Cet événement biannuel commence à prendre corps et devient de plus en plus le cadre où les acteurs africains (gouvernement, secteur privé, société civile, universités…) échangent sur des contraintes et défis communs afin de trouver des solutions conformes au contexte africain, mais qui tirent aussi profit des leçons apprises en Afrique et ailleurs.

II. Problématique

La première édition de la CIEA (CIEA-I), tenue du 18 au 20 mars 2015, a permis d’échanger sur les conditions de l’émergence de l’Afrique à la lumière des dynamiques en cours et des leçons apprises des transforma-tions économiques et sociales intervenues non seulement dans les pays émergents, notamment la Chine, le Brésil, l’Inde et la Malaisie, mais également dans certains pays africains. Sa Déclaration a donné les grandes lignes du modèle d’émergence que le Continent s’est choisi compte tenu de ses spécificités.

La deuxième édition de la CIEA (CIEA-II), tenue du 28 au 30 mars 2017, s’est quant à elle penchée sur les défis de la mise en œuvre des plans d’émergence en Afrique. Relever ces défis exige, à tous les niveaux, en commençant par l’Etat et les administrations publiques, des compétences clés, de la rigueur, de l’organisation, de l’engagement ferme et la mobilisation des financements nécessaires.

Actuellement, plusieurs pays africains ambitionnant d’aller vers l’émergence voient leurs croissances éco-nomiques soutenues par des investissements publics dans les infrastructures. Ces investissements sont certes de nature à stimuler la croissance en attirant des investissements privés, mais leur développement soutenu dans le temps pourrait être limité par la contrainte d’endettement. Dans ce contexte, le débat porte de plus en plus sur le besoin (voire l’urgence) d’accroître significativement la contribution du secteur privé à la croissance pour qu’elle reste forte, durable et tienne compte des opportunités qui pointent à l’horizon (Zone de libre-échange continentale, expansion de la taille du marché africain et de la classe moyenne, rapide urbanisation...).

Profiter de ces signaux positifs pour accélérer la transformation structurelle nécessite un secteur privé national engagé à investir massivement de manière à enclencher de nouveaux moteurs de croissance, notamment dans les secteurs où la demande africaine progresse rapidement (industries manufacturières, industries agro-alimentaires, biens d’équipements, électroménagers, pièces détachées, services de sup-port…) en tenant compte de la révolution digitale et de son impact sur les modes de production des biens et services. Cela nécessite aussi le développement de filières compétitives dans des secteurs où les pays africains disposent d’avantages comparatifs ou peuvent travailler ensemble ; c’est indispensable pour ga-gner des parts de marché aux niveaux national, régional et mondial afin de créer plus de richesses et d’emplois sur place.

Développer des champions nationaux et les transformer en champions africains devraient faciliter cette dynamique, permettre l’éclosion de filières intégrées avec un tissu de PME plus compétitives et gagner des parts de marchés à l’exportation. C’est l’une des voies pour générer une base plus pérenne de res-sources internes pouvant soutenir le financement des politiques publiques. Vu sous cet angle, la marche vers l’émergence des pays africains va de pair avec le développement de champions nationaux innovants et capables de prendre des risques sur le long terme.

Dans la plupart des pays africains, en particulier ceux aspirant à devenir émergents, ce débat prend forme et nécessite des solutions pratiques permettant au secteur privé de contribuer à une dynamique de crois-sance plus durable. Aller dans cette direction requiert un secteur privé national fort, engagé dans le long terme et soutenu par des partenariats solides avec un Etat développementaliste (tel que défini dans la Déclaration d’Abidjan de la CIEA-I). Dans cette optique, le secteur privé, avec en tête ses champions natio-naux, sera l’acteur de premier plan pour booster la transformation structurelle de l’économie et accélérer la marche vers l’émergence. A cet effet, il devra participer à la co-construction, à l’impulsion et à la mise en œuvre des réformes structurelles et des investissements stratégiques à fort effet d’entrainement sur la transformation structurelle. Ce qui permettra aux pays africains de maintenir une dynamique de croissance forte et inclusive à même de soutenir le processus d’accumulation du capital et de diversification écono-mique.

A côté de l’accélération et du maintien de la croissance dans la durée, l’autre enjeu est celui de sa qualité dans le sens d’une plus grande inclusivité dans un environnement marqué par la forte aspiration des popu-lations au bien-être et une meilleure gouvernance. Dans ce contexte, il est important de concilier les exi-gences de long terme découlant de la nécessaire transformation structurelle des économies, et celles de court terme du fait d’une demande sociale pressante liée à la pauvreté et aux inégalités. En effet, la faisa-bilité (voire la crédibilité) des processus d’émergence exige qu’ils produisent progressivement des résul-tats de développement humain conformes aux Agendas 2063 de l’Union Africaine et 2030 sur le dévelop-pement durable. Cela suppose la prise en compte des articulations entre la valorisation des opportunités économiques des territoires et la réduction des inégalités économiques et géographiques. Réaliser ces exigences de long terme et de court terme requiert une adhésion totale des populations et leur implica-tion dans la conduite de toutes les étapes du processus d’émergence, subordonnée à un contrat social dont les termes devront être clairs, assis sur une vision partagée et s’inscrire dans une optique de redeva-bilité.

Fort des enseignements tirés des deux premières éditions et tenant compte des dynamiques en cours, la 3ème édition de la CIEA (CIEA-III) traitera du développement du secteur privé et de l’éclosion de cham-pions nationaux comme conditions nécessaires à la réussite des plans d’émergence africains. En plus de cette problématique centrale, la Conférence traitera également des modalités de la contribution du sec-teur privé à l’inclusion et à la valorisation des opportunités économiques des territoires, et ceci dans le cadre de partenariats publics-privés féconds.

Pour renforcer la crédibilité de la CIEA, la rencontre de 2019 sera l’occasion de faire le point sur la mise en œuvre des résolutions de deux précédentes éditions de la CIEA et de dégager de nouvelles perspectives. Sa crédibilité passe aussi par la capacité à impacter positivement les préparations et révisions en cours de plans d’émergence dans plusieurs pays africains. A cet effet, la CIEA-III sera l’occasion d’apporter quelques innovations en capitalisant sur les résultats des deux premières éditions. Ainsi, la conduite d’études natio-nales de cas sera l’occasion de faire la revue des processus d’émergence en cours sur le Continent et de mettre en valeur les bonnes pratiques de pays africains. Par ailleurs, en plus du secteur privé qui sera au centre de la préparation et de la tenue de la CIEA-III, le Réseau africain des Delivery Units sera fortement impliqué dans l’organisation scientifique afin qu’il s’approprie cet événement et renforce la collaboration entre ses membres. Cette interaction entre les membres du Réseau sera facilitée par la plateforme digitale d’échanges collaborative dédiée au partage d’expériences et de solutions susceptibles de lever les con-traintes régulièrement rencontrées par les pays africains. Cette plateforme sera aussi le lieu où ces acteurs pourront trouver la dernière génération d’outils et méthodes disponibles en Afrique ou ailleurs dans le monde.

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